Villy Aellen (1926 - 2000)

Né le 4 décembre 1926 à Neufchâtel où il obtint son grade de bachelier ès lettres, Villy Aellen a fait ses études de zoologie à l'Université de Neufchâtel où il fut d'abord assistant à l'institut de zoologie puis, conservateur du Musée Zoologique de la ville (1950-1952). En 1952, il obtint son titre de docteur ès sciences avec sa thèse sur les chauve-souris du Cameroun et fut nommé conservateur du Musée de la Chaux-de-Fonds en 1953 ; qu'il devait rapidement quitter pour occuper le poste de conservateur du département des Vertébrés au Muséum d'Histoire Naturelle de Genève en 1954. Il en devint par la suite sous-directeur (1965) puis directeur (1969), en succédant à Emile Dottrens. Il devait alors largement participer, avec René Descombes, à élaborer le concept même du nouveau Muséum de Genève, organiser le déménagement et l'installation des collections à Malagnou et préparer l'avenir de l'établissement dans l'attente de ses nombreux visiteurs. Membre et responsable de nombreuses sociétés scientifiques suisses et internationales, d'académies et d'associations, figurant dans les principaux Who's who d'Europe et du monde, il fut notamment vice-président de la Société helvétique des sciences naturelles et associé à l'Université de Genève où il enseigna, de 1966 à 1989, la biologie et la systématique des vertébrés. A son départ à la retraite en 1980, le Conseil administratif de la Ville de Génève le nomma directeur honoraire du Muséum, récompensant ainsi une carrière administrative et scientifique hors du commun.

Il fut aussi, durant de nombreuses années, un membre régulier du Centre International de Myriapodologie et ses visites au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris étaient toujours émaillées d'intéressantes discussions liées à la connaissance des myriapodes du monde.

Environ 130 publications scientifiques témoignent de l'activité intense et très assidue de Villy Aellen et reflètent l'étendue du champ de ses recherches consacrées aux mammifères insectivores, rongeurs, chiroptères et, surtout, à l'inventaire richissime de la faune des grottes du monde entier. Il fut en effet particulièrement actif, par ses recherches et ses explorations, dans le domaine de la biospéologie et, pour partie, de la myriapodologie. Constituant, avec son collègue et ami Pierre Strinati, un tandem inoxydable totalement dévoué à la connaissance de la faune des grottes du monde entier, ses collaborations avec les spécialistes de tous les groupes taxinomiques furent légion, comme ce fut le cas pour les diplopodes et les chilopodes. Qui en effet ne reçut un jour un envoi de spécimens de Villy Aellen, et qui ne connaît au moins un taxon parmi les très nombreux qui lui furent dédiés ? Ces recherches fructueuses lui valurent d'ailleurs plusieurs prix et certains ouvrages, publiés en plusieurs langues, demeurent très actuels dans notre approche mondiale de la biodiversité.

Cet homme discret, fort modeste, a laissé son empreinte sur l'édification de l'actuel Muséum de Genève, sur la valeur inestimable que l'on doit accorder à ces sources de recherches que sont les collections zoologiques bien conservées et sur l'immense intérêt que présentent les faunes cavernicoles. Myriapodes et myriapodologistes, comme bien d'autres, lui en sont reconnaissants. Avec lui disparaît un chercheur curieux, généreux, compréhensif, et un très grand Naturaliste, passionné des formes de vie et d'environnement. Nous souhaitons présenter notre profonde sympathie à sa famille ainsi qu'à Pierre Strinati, son collègue et ami de toujours.



Jean-Jacques GEOFFROY, Brunoy, Avril 2000